CETTE QUINZAINE
⚖️Le dilemme: Quand futile et dramatique se succèdent sur nos fils d’actualité, nos cerveaux s’embrouillent et ne sont plus en mesure de hiérarchiser l’information.
Voilà en substance le constat auquel se livre la journaliste Elena Scappaticci dans le magazine Usbek et Rica. Pour elle, la responsabilité serait double. D’une part, celle de l’internaute apathique qui scrolle sans but et dont “l’obscénité du regard passif” se laisse capter par tous les signaux. De l’autre, celle des concepteurs de ces fils d’actualité, qui nous abreuvent continuellement d’images et messages sans nous laisser reprendre notre souffle, de manière à se rendre indispensables. Ad nauseam.
En somme, il s’agirait de nous proposer une réalité encapsulée dans un ensemble d’images virtuelles dont on ne perçoit plus ni le contexte, ni l’importance.
Nous, sous prétexte de nous tenir informé.e.s, serions donc plongé.e.s soit dans un “scepticisme mou”, soit dans une “impuissance complice”. Dans les deux cas, dans ce que la journaliste nomme une “indécence morale” dans laquelle nous ne sommes plus suffisamment éveillés pour faire la distinction “entre une photo de chaton, une publicité pour un sérum (…) et l’image d’une victime de guerre”. Réveillons-nous.
🚦Ce qu’il ne fallait pas rater:
– Le blogueur saoudien et militant des droits humains, Raif Badawi vient d’être libéré à l’issue d’une peine de 10 ans d’emprisonnement. Interdit de quitter le territoire, il est dans l’impossibilité de retrouver sa famille exilée au Canada.
– 75 ONG internationales ont demandé aux 100 plus grands noms de la banque et de la gestion de fonds de cesser de financer les combustibles fossiles, en Russie et plus largement dans le monde, pour leur préférer les énergies renouvelables et ainsi accéder plus rapidement à la paix.
– Pour la première fois de son histoire, le GIEC a parlé de “décroissance” en la citant plus d’une dizaine de fois dans son dernier rapport “Impacts, adaptation et vulnérabilité” paru en février .
👍🏼La nouvelle qui fait du bien: Un couple de gypaètes barbus a pondu dans le parc naturel du Vercors, un phénomène qui n’avait pas été observé depuis un siècle. Autrefois pourchassé en raison de son allure effrayante, il est l’un des rapaces les plus rares d’Europe.
🔎Le chiffre: 80, c’est le pourcentage d’agents de la fonction publique qui se sont déclarés “confrontés à un sentiment d’absurdité dans l’exercice de leur travail”, parmi les 4500 personnes interrogées par le collectif Nos services publics. Manque de moyens, défaut de vision, impression de servir un intérêt particulier plus que l’intérêt général, poids de la structure ou de la hiérarchie, manque de reconnaissance sont les sentiments les plus largement partagés.
🗣La phrase choc: « Gérer l’environnement c’est gérer des limites. Et les limites, ce n’est pas très vendeur dans une élection” a récemment déploré Jean-Marc Jancovici, président du think tank TheShiftProject et co-fondateur du cabinet de conseil Carbone4.
Les médias consacreraient actuellement en moyenne 2,6% du temps de campagne à la crise climatique, environnementale et sociale (baromètre L’Affaire du Siècle), un chiffre que certains voudraient voir passer à 20%. En effet, le climat constitue un enjeu capital pour 94% des français (Ipsos-Le Parisien), et arrive en troisième position des propositions faites par le million de français.es ayant répondu à l’appel de “Ma France 2022”, après les enjeux de démocratie et institutions, et de pouvoir d’achat.
AVANT DE PARTIR
– Jusqu’au 30 juin se tient « The Climate Show », au Palais du Heysel (Bruxelles). Conçue par l’assocation Climate Voices, le concepteur d’expositions Tempora et le centre de médiation de culture scientifique Cap Sciences, cette expérience immersive interroge les visiteurs.euses sur leurs choix face à l’urgence climatique.
– Mélangeant toujours anglais et créole haïtien, les nouvelles compositions de Mélissa Laveaux rendent hommage à des figures féminines aux destins extraordinaires, vraies ou légendaires. La tournée française est en cours.