3 mars 2022

CETTE QUINZAINE

⚖️Le dilemme: Jusqu’où géopolitique et sécurité alimentaire s’entremêlent-elles? Tandis que les combats font rage à l’est, les inquiétudes se portent (aussi) sur l’accès mondial à l’alimentation et la production agricole européenne.
En raison de moyens de transport bloqués, de réserves de nourriture hors de portée, et de sources d’énergie disputées, des tensions sont à prévoir sur les cultures du blé, du maïs, de l’orge et du tournesol. Avec partout pour conséquences prévisibles une augmentation du coût des élevages, de la production de lait et de produits alimentaires du quotidien comme les pâtes ou le pain. Les incidences seraient en revanche plus fortes pour les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, hyper-dépendants des céréales venant des greniers russo-ukrainiens.
Sans surprise, les marchés boursiers – qui continuent à faire des matières premières agricoles des actifs financiers sur lesquels spéculer – se montrent fiévreux.

🚦Ce qu’il ne fallait pas rater: Au milieu de cette sombre actualité internationale, il faut malgré tout frayer un chemin au 6e rapport du GIEC publié lundi, tout aussi réaliste et préoccupant (3,3 milliards de personnes sont déjà exposées aux conséquences du réchauffement climatique).
Ce 2e volet, en insistant davantage sur les structures sociales et politiques, s’est concentré sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité des sociétés humaines et des écosystèmes aux changements climatiques: quel rôle joue la justice sociale dans l’adaptation aux changements climatiques? Quels sont les éléments qui nous rendent encore plus vulnérables, selon qu’ils ont été ou non anticipés par les pouvoirs publics? Comment risques et impacts se renforcent-ils?
Des questionnements systémiques que décrit l’un des auteurs du rapport François Gemenne dans le média Vert: “les données socio-économiques permettent de mesurer les impacts d’une hausse de température sur le volume des récoltes, puis sur la perte de PIB de certains pays et enfin sur le million de gens qui retombent alors dans la pauvreté”.
En somme, les impacts ne sont pas directement corrélés au nombre de degrés en plus ; ils dépendent surtout de la solidité sociale et économique des sociétés, et de leur volonté à promouvoir davantage d’anticipation et d’équité. Si vous vous sentez de parcourir le résumé officiel en anglais, c’est ici.

🔎Le chiffre: 450 millions, c’est le nombre de personnes dans le monde pour qui la banane fait partie de l’alimentation de base. En France, c’est le deuxième fruit le plus vendu. Pourtant, son économie est de plus en plus tendue: tandis que le prix de la caisse est descendu sous les 10 euros, ses coûts de production ont augmenté de 6% (matériaux d’emballages, engrais, changements climatiques, crise sanitaire, etc). Au point que les producteurs perdent de l’argent sur chaque banane vendue. Les ministres de l’agriculture d’Equateur, Colombie, Panama, Guatemala, Costa Rica, République Dominicaine et Honduras ont tiré la sonnette d’alarme et demandé une répartition plus équilibrée de la valeur sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, afin que les petit.e.s exploitant.e.s et travailleur.euse.s agricoles et communautés rurales ne soient pas lésés.

🗣L’audio: Le collectif de journalistes Solvo a mis en ligne les premiers épisodes de son podcast “A qui profite la tech for good? ”. Ecartelées entre profits et bien commun, entre difficultés logistiques et innovations technologiques, quelques start-ups retracent leur chemin ici.

💡L’idée lumineuse: L’Ademe a publié une note sur l’utilisation de l’argument de “neutralité carbone” dans les communications des organisations. Une clarification bienvenue alors que les formulations aguicheuses fleurissent de toutes parts. Pour télécharger la note, rdv ici.

VOUS ET MOI
– Des articles en cours d’écriture, des accompagnements en préparation. Le printemps se profile…

AVANT DE PARTIR
– Le Salon international de l’agriculture se tient jusqu’à dimanche à Paris. Quelques associations et collectivités y parleront renouvellement des générations en France, agriculture urbaine, souveraineté alimentaire, agroécologie paysanne, coûts cachés des pesticides, etc.

 

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