CETTE QUINZAINE
⚖️Le dilemme : On nous sert la soupe. En ce moment, dans certains JT, au micro de quelques radios, saupoudrés au fil de colonnes, des récits exagérés, clivants, va-t-en-guerre, hostiles à nos principes de coopération et nos valeurs de justice, de liberté et de solidarité, qui réduisent notre champ de vision et nos horizons.
Mais en face, il y a la résistance de l’imaginaire, pour s’offrir autre chose, à soi et au collectif. Proposer un corps en mouvement qui soutient une pensée, des émotions qui habitent la chair. Proposer des imaginaires qui viennent pas à pas construire l’inconscient collectif et forger un devenir commun.
Des médias s’y essayent chaque jour. L’arbre cabane d’En un battement d’aile, où chacun.e est invité .e à déposer ses évocations à la nature, les éditions Glénat qui prévoient de produire + de 200 titres audio et 40h de série notamment sur les récits d’aventure, Les Others qui diffusent dans les Baladeurs le récit d’une traversée des Alpes par leurs 82 sommets sans aucune assistance.. Et tant d’autres médias et d’inconnu.e.s qui font de si belles choses pour assurer notre présence au monde. Tous posent finalement la même question : plutôt que de s’interroger sur « comment pouvons-nous vivre ? », c’est bien de « comment voulons-nous vivre ? » dont il est question. Que l’on parle de notre rapport au vivant, à la consommation, à la temporalité, au pouvoir, à la fragilité…
Alors soyons curieux.euses. Regardons ailleurs.
🚦Ce qu’il ne fallait pas rater :
– Cohabitation. La Maison des lanceurs d’alerte a eu la brillante idée de sortir un guide à destination des journalistes, des lanceurs d’alerte et des juristes, pour les aider à travailler main dans la main sans risque, quand bien même leurs temporalités et leurs objectifs ne sont pas exactement les mêmes.
– Changer de lunettes. Lors du festival international de journalisme, la rédaction du Guardian a expliqué s’intéresser désormais davantage aux conséquences de l’IA qu’à ses possibilités. Quelles plus-values pour un quotidien lorsque les citoyens auront accès à un résumé de l’actu effectué grâce à l’IA ? Quelle vampirisation des contenus par ces robots ? Quels outils propriétaires ? Au-delà de cela, on peut aussi s’interroger sur la capacité des médias à se réinventer, pour être plus qualitatifs encore et différenciants. La piste du « sensible » est à explorer !
– Caprice. Celui du président du département du Rhône qui a décidé de couper subitement les subventions de trois associations écologistes (totalement non violentes je précise, même contemplatives ). Au motif que ces associations de « danseurs aux pieds nus » vont à l’encontre des projets de sa collectivité.
– Ordre de bataille. Une instruction du Premier ministre précise les conditions dans lesquelles doivent être préparées les COP régionales en 2025, axées sur l’adaptation au changement climatique. Il appartient au préfet de département de piloter les trois étapes de ce volet adaptation pour « faciliter la mobilisation » de l’ensemble des EPCI et des élus locaux.
👍🏼La campagne réussie : Celle de la collectivité territoriale de Saint Pierre et Miquelon, qui a réagi avec humour (et cynisme) aux propos de Laurent Wauquiez qui suggérait d’envoyer toutes les personnes migrantes dans les territoires ultramarins. Œil pour œil …
CE QUE JE VOUDRAIS VOIR PLUS SOUVENT
L’entraide et l’ingéniosité du monde du Droit, qui cherche des façons d’évaluer les réparations en cas de préjudice écologique, et de chiffrer les dommages. Le Forum des juges de l’UE pour l’environnement (EUFJE), le Réseau européen des procureurs pour l’environnement (ENPE) et le Réseau européen pour l’application et le respect du droit de l’environnement (IMPEL) ont donc mis en place l’outil pratique mais non contraignant Bioval qui offre aux Etats membre une méthodologie de calcul des dommages écologiques dans le cadre de procédures judiciaires, et propose une liste de montants d’indemnisation pour une centaine d’espèces. En précisant que l’outil ne s’intéresse pas à la sanction, mais bien à la restauration financière.
ENTRE VOUS ET MOI
L’un de mes confrères guinéens, Sally Bilaly Sow – journaliste avec lequel j’ai eu la chance de travailler l’an dernier – a échappé de peu à un enlèvement à son domicile, en ce début de semaine. C’est la deuxième fois en moins de 6 mois que lui et sa famille sont victimes de ce type d’agissements.
Sally travaille pour Africtivistes, et œuvre à la vérification des informations, dans le but de promouvoir et défendre les valeurs démocratiques, les droits humains et une gouvernance juste.
Un mandat qui aura rarement été aussi compliqué à tenir, en Guinée et ailleurs dans le monde.
AVANT DE PARTIR
Hiatus fait une pause printanière. RDV fin mai ! En attendant, profitez bien des ponts, et ouvrez l’œil !