CETTE QUINZAINE
⚖️Le dilemme : Pouvait-on faire plus compliqué ? C’est un sac de nœuds que vient d’imaginer le gouvernement dans son nouveau plan Ecophyto. Si on se penche de + près sur la méthodologie de calcul du nouvel indicateur – ce qu’a fait avec pédagogie et ironie Stéphane Foucart dans sa tribune au Monde – on comprend vite que l’on est entrain de se faire magistralement berner. Et qu’il n’est pas question de réduire de 50% les pesticides d’ici à 2030, mais plutôt de mettre régulièrement « hors concours » certains produits, de manière à donner l’illusion qu’une politique volontariste du gouvernement a permis une baisse réelle du recours à ces substances. C’est donc une succession d’évictions-renouvellements à laquelle nous devons nous attendre, qu’importe les enjeux environnementaux, sanitaires et démocratiques.
🚦Ce qu’il ne fallait pas rater :
– No limit. Le cynisme du monde de la publicité a atteint son paroxysme. L’agence Publicis US est poursuivie par la quasi-totalité des procureurs américains pour son implication dans la crise des opioïdes. Il lui est reproché d’avoir non seulement vanté les mérites de l’Oxycontin dans différents supports médicaux, mais également d’avoir créé une campagne censée convaincre les médecins d’en prescrire plus encore.
– « Quand le sage désigne la lune, l’idiot… ». Tandis qu’un projet de traité mondial sur le plastique est à l’étude, les frileux militent pour de meilleures solutions aval (recyclage, etc) “considérant que la pollution plastique commence après sa production, voire même quand il devient déchet”. Omettant complètement leur responsabilité dans la création même de ces plastiques. Pourtant, un rapport de la fondation Tara Océans montre que réduire la production mondiale de plastique d’au – 50% en 2040 est tout à fait atteignable sans déstructurer l’économie.
– Fantômes. Des millions de crédits carbone fictifs ont été vendus par Shell à des entreprises pétrolières, à partir d’un projet de stockage/captage de carbone bien réel. Grâce au feu vert de l’Etat d’Alberta, la major pétrolière a ainsi permis pendant 6 ans aux acheteurs de compenser 2 tonnes de CO2 pour seulement 1 tonne de CO2 réellement capturée et stockée.
📖La lecture : Je vous en parlais l’autre fois, j’ai dévoré la mini-série La fièvre. Pour poursuivre l’effet « what the f*** », j’ai lu la super analyse qu’en fait la DG de Destin commun, Laurence de Nervaux. En s’aidant de la psychologie sociale, elle explique comment se jouent les batailles identitaires contemporaines (la loi de la proximité + l’étouffement du désaccord + l’injonction morale à embrasser les causes connexes), et pourquoi l’enjeu est moins celui de la polarisation de notre société que le manque de cohésion entre les citoyens. En guise de conclusion, elle partage même des pistes d’actions/réflexion.
📻L’audio : Avec plusieurs mois de recul, je me suis immergée dans le podcast « 13 novembre : trois voix pour un procès ». Et cette discussion croisée entre une victime, un avocat de la défense et une journaliste judiciaire m’a passionnée.
CE QUE JE VOUDRAIS VOIR PLUS SOUVENT
Les images du feu qui jaillit du volcan Fuego au Guatemala mi-mai, et qui rejoint le spectre de la foudre dans la nuit noire. Splendide !
ENTRE VOUS ET MOI
La formation en fact checking sur les enjeux environnementaux et climatiques se poursuit au Sénégal. Cette semaine, ce sont 7 journalistes que j’accompagne, avec Moussa Ngom, pour repérer les réseaux de désinformation puis imaginer des contenus éditoriaux démantelant les discours trompeurs qui captivent les audiences. Désormais, il ne reste plus qu’à convaincre les directeurs de rédaction de laisser une place à ces programmes
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