8 février 2024

CETTE QUINZAINE

⚖️Le dilemme : « Le yoga, c’est de droite ? ». Le titre aguicheur de cet épisode du podcast « Vivons heureux avant la fin du monde » d’Arte a servi d’appât. Ma conscience a fait le reste. 
C’est vrai après tout ?! Et si une pratique que l’on pensait si bienfaisante et béni-oui-oui n’était en fait que la traduction de nos bas instincts égotiques et ne servait qu’à nourrir une nouvelle forme d’asservissement ?
À y regarder de plus près, je n’en mène pas toujours large sur le tapis, composant avec des rituels parfois caricaturaux, la quête d’une posture impeccable, des pratiquant.e.s peu racisé.e.s et un sentiment d’appropriation culturelle.
Ce que nous explique la journaliste et ses invitées, c’est d’abord que le yoga a été créé par les hindous dans le seul et unique but de nous libérer de notre condition humaine ordinaire. Pas dans un dessein utilitariste et encore moins performatif. Ce n’est donc pas le yoga qui a muté, mais nos sociétés. Plutôt que de concourir à faire germer les valeurs originelles de justice sociale, de respect des autres et de soi, de compassion et de questionnement profond sur le monde actuel, la pratique du yoga contemporaine s’est drapée dans l’individualisme, la quête d’une guérison et la mise à distance d’une réflexion plus structurelle. Qui a dit que l’intime était politique ?

🚦Ce qu’il ne fallait pas rater :

–       La Grande Reculade. Dernièrement, le Gouvernement s’est spécialisé ès « pauses ». Non seulement dans le plan Ecophyto, « jusqu’au Salon de l’agriculture » essaie-t-il de nous convaincre. Puis dans la cartographie des zones humides, pourtant indispensables à la préservation de la biodiversité, au stockage d’eau et à l’atténuation face au dérèglement climatique. De son côté, l’Europe avait quelques semaines plus tôt reconduit l’autorisation du glyphosate et abandonné l’objectif de réduction de 50% de l’usage des pesticides d’ici 2030.
De son côté, le Haut conseil pour le climat prêche dans le désert, appelant dans son dernier rapport à un changement de cap sur les politiques agricoles et alimentaires.
–       Mal adaptation. En proie à une sécheresse persistante, la Catalogne a décidé d’imposer des restrictions d’eau aux 6 millions de particuliers, entreprises et agriculteurs, limitant leur consommation à 200L/jour/pers. Mais aussi de faire venir des bateaux citerne de l’étranger. Une décision qui met le doigt sur les inégalités d’accès à la ressource, la pollution maritime et le manque d’anticipation.
–       Qui l’eut crût ? On savait une grande partie de nos captages d’eau déjà pollués aux nitrates et pesticides. Désormais, on apprend que nos eaux minérales font elles-aussi l’objet de traitements chimiques pour être purifiées et désinfectées en vue de leur consommation, au mépris de la réglementation et des consommateurs. Moralité : il était illusoire de croire que nos sources minérales naturelles étaient épargnées par les polluants.

🔎Le chiffre : 65 000, c’est le nombre terrible de grossesses provoquées par un viol (520 000) entre juillet 2022 et janvier 2024 dans l’ensemble des États américains qui ont stoppé l’accès des femmes à l’IVG.

CE QUE JE VOUDRAIS VOIR PLUS SOUVENT
Une chambre dédiée aux contentieux sur le devoir de vigilance et la responsabilité écologique vient d’être créée au sein de la Cour d’appel de Paris.

ENTRE VOUS ET MOI
À partir de demain, retrouvez Hiatus sur Kessel. Comme je l’ai souvent dit, l’idée n’est pas d’ajouter du bruit au bruit, mais simplement de proposer le contenu existant à de nouveaux publics.

AVANT DE PARTIR
Prochain passage à Paris, je cours voir l’exposition du peintre congolais Cheri Samba au Musée Maillol. Les femmes, la géopolitique, l’environnement, et biensûr les couleurs sont au centre de son travail et me font déjà de l’œil.