CETTE QUINZAINE
⚖️Le dilemme : Crier aux loups. S’offusquer. Puis tout oublier. Et faire un bond en arrière.
L’opinion publique s’est émue du sort de Gisèle Pélicot, a (majoritairement) rappelé qu’il n’existait ni viol ordinaire, ni viol involontaire, ni viol accidentel ; que le consentement par procuration était une funeste construction ; que certains hommes n’avaient semble-t-il d’autres dangerosités que leur lâcheté et leur immaturité mais que cela n’en faisait pas moins des délinquants.
Pourtant, nous sommes aussi à un moment où – dans les cours d’école – le seul défi qui vaille c’est « si tu bouges, t’es gay », où le nouveau programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle suscite l’indignation des réactionnaires de toutes confessions. Le système scolaire semble s’être résigné, le gouvernement bat en retraite devant des mentions jugées épineuses.
Alors comment faire pour sortir durablement et structurellement de nos schémas de pensée ?
Les enjeux de consentement, de violences sexistes et sexuelles, d’assignation de genre, de harcèlement valent mieux que notre mollesse.
🚦Ce qu’il ne fallait pas rater :
– Pas joli joli. Dans sa nouvelle édition, l’étude Fractures françaises (Institut Montaigne, Fondation Jean Jaurès) détaille les sujets qui préoccupent la population française. 70% des sondés considèrent que leurs conditions de vie sont de – en – bonnes (le pouvoir d’achat en tête, puis l’environnement, la délinquance et l’immigration), seuls 21% pensent que l’on peut faire confiance à la plupart des gens, et 85% des Français estiment que le racisme est présent dans la société française. À cela s’ajoute une forte crise de confiance vis-à-vis des institutions et du personnel politique (hors maires).
– Pierre blanche. C’est une quinzaine historique qui se joue actuellement à la Cour internationale de justice : à l’appel des États membres de l’AG de l’ONU eux-mêmes, 15 juges entendent avocats et ministres de 98 États et de 12 organisations internationales pour trancher sur les obligations juridiques internationales des États en matière de protection climatique. Et sur les conséquences juridiques que peuvent encourir les pollueurs, aujourd’hui et demain. Pour qu’aux promesses politiques se substituent des fondements juridiques communément partagés.
– Dégringolade. Le Secours catholique, l’Observatoire des inégalités : nombreux sont ceux qui documentent la hausse de la pauvreté en France, et qui s’inquiètent du chiffre d’1,4 million de personnes pauvres supplémentaires en 20 ans. En cause ? Un éloignement des dispositifs de service public ainsi qu’un durcissement des conditions d’accès aux prestations sociales. Pour y remédier, en pompier, le CESE a formulé là encore des recommandations.
📖La lecture : Dans une lettre ouverte 100% masculine, 10 anciens dirigeants, parlementaires, ministres dénoncent une politique ruineuse de développement massif des énergies renouvelables. D’après eux, il est extrêmement grave (dixit) pour la France de poursuivre la politique énergétique proposée dans le projet de PPE, capable notamment d’une déstabilisation des marchés, d’une rupture de concurrence, etc. On lit, et on s’étrangle.
📢Le coup de gueule : Je suis tombée par hasard (ou pas tout à fait, vu les algorithmes) sur les propos emplis de désarroi de Sophie Tabary – paysanne et présidente chez Bio en Haut de France – à l’attention du monde agricole. Sans doute m’en suis-je émue parce qu’ils me rappelent les discussions vécues avec certains membres de ma famille issus du monde agricole. Extraits choisis : « vous pouvez détruire l’ANSES, vous pouvez brûler l’OFB, vous pouvez murer l’INRAE, (…) mais, amis paysans, vous le faites aujourd’hui en conscience et je ne vous comprends plus. Vous réclamez à corps et à cris le droit de vous baigner dans vos produits en -cide, de rendre vos gamins malades, d’être les benêts de cette grande farce et d’en payer fort le prix. Vous méritez mieux, mais vous ne vous estimez plus assez ».
CE QUE JE VOUDRAIS VOIR PLUS SOUVENT
Les bévues budgétaires agitent tous les esprits. Au point que la ville de Lille a décidé d’en faire une campagne d’affichage public : « Le coût des annonces gouvernementales atteint aujourd’hui 20 millions d’euros pour la ville de Lille. On les prend où? : on supprime la police municipale, on coupe l’eau et le chauffage dans les écoles, on n’éclaire plus les rues. Vous trouvez ça absurde? Nous aussi ».
ENTRE VOUS ET MOI
Ils sont crêperie en approvisionnement local, bar en gouvernance partagée, association qui confectionne des paniers paysans bios et locaux, etc : trois heures durant, nous avons évoqué leurs singularités en tant qu’acteurs de l’ESS (qui fête ses 10 ans cette année) dont ils tirent certains bénéfices (ancrage territorial, horizontalité dans la prise de décisions, etc) et certaines difficultés (secteur concurrentiel, perte de pouvoir d’achat, manque de portage politique, etc. Et moi, me direz-vous ? Et bien je les ai aidés à y voir plus clair dans tout cela pour aborder le travail média avec plus de sérénité et concevoir des messages plus percutants.
AVANT DE PARTIR
C’était beau, c’était sauvage. Voilà ce que je retiens du cru 2024 de Ciné montagnes. Voir Hillary Gerardi grimper le Mont-Blanc dans la nuit (et échanger avec la glaciologue Heidi Sevestre le long d’un sentier), et les frères De le Rue descendre les faces immaculées de l’Antarctique, leur voilier et les icebergs en fond, ça a quelque chose de grandiose. À consommer sans modération.