2 octobre 2025

CETTE QUINZAINE

⚖️Le dilemme : Ils voulaient l’enterrer. Ils l’ont renforcé. La consommation de produits alimentaires bio se porte bien, et montre des signes très encourageants de progression dans les habitudes des français.es.
Les oppositions engendrées par la loi Duplomb, les scandales sanitaires à répétition, la prise de conscience de la pollution de nos milieux naturels, l’inflation galopante dans le secteur conventionnel ont eu raison de glissements de comportements de la part des consommateurs.
Soucieux de manger en confiance tout en maîtrisant leur porte-monnaie (chez certaines enseignes bio, les prix ont augmenté de 11% entre 2022 et 2023, contre 22% dans la grande distribution), les Français.es envoient donc des signaux positifs. Au point que des ventes historiques ont été remarquées en 2024 et sont attendues en 2025, que des magasins ouvrent et que des levées de fonds sont annoncées pour soutenir une croissance à deux chiffres.
En dépit des baisses de subventions et du travail de sabotage mené par certaines politiques publiques et structures aux intérêts privés, la filière bio n’a donc pas dit son dernier mot.

🚦Ce qu’il ne fallait pas rater :
–              Bien mais peut mieux faire. Le groupe d’experts du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique a examiné les actions de la France en la matière ces dernières années. S’il y a du bon (bracelet anti-rapprochement, ordonnances de protection immédiate, pack nouveau départ, etc.), il reste encore du travail, notamment dans la rapidité et la qualité du recueil de la parole des victimes.
–              L’assiette refroidit. 2 ans qu’une centaine d’associations, syndicats et entreprises attend du gouvernement qu’il adopte la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat, qui pourrait interdire la publicité pour les produits trop transformés – notamment lorsqu’ils ciblent les enfants -, rendre obligatoire l’affichage du Nutriscore et fixer une stratégie de « moins mais mieux » de produits d’origine animale d’ici 2030.
–              Fuite en avant. Près de 3 Français sur 10 (surtout chez les – de 35 ans) se disent prêts à déménager à l’avenir dans une autre commune pour échapper aux canicules, inondations, tempêtes ou incendies. 12 % sont même prêts à changer de région (Bretagne en tête). Si les Français.es sont désormais très majoritairement convaincus de l’existence du dérèglement climatique et de son origine humaine, ils sont plus d’un tiers à être fatalistes. Ce sentiment progresse fortement, de 5 points en 3 ans, faisant craindre une démobilisation.
–              Passion chimpanzés. Enfant, je me passionnais pour ces primates que je trouvais fascinants dans leurs comportements et leurs mimiques si proches de ce que je percevais chez « nous », les humains. Je collectionnais alors livres et peluches, et regardais tous les documentaires possibles. Aujourd’hui, l’éthologue et anthropologue Jane Goodall s’en est allée. Merci à elle pour cette ouverture au monde et au Vivant, qui nous met tous sur un pied d’égalité.
–              Mea culpa ? A la lecture du bilan de l’Agence européenne de l’environnement – qui indique que le continent européen se réchauffe « presque deux fois plus vite que le reste du monde » (+2,4°, contre +1,4 à 1,6° ailleurs), l’économiste Dominique Seux a admis qu’il s’était sans doute bien trop appesanti dans ses éditos sur les questions budgétaires plutôt qu’environnementales et climatiques. Ah bon ?

📖La lecture: Si vous voulez comprendre quelle lecture les 18-24 ans font de leur rapport aux réseaux sociaux et à l’information, une nouvelle étude de Destin commun apporte certains éclairages. Notamment le fait que cette jeunesse se montre très lucide sur l’impact des réseaux sociaux sur sa santé mentale et son appauvrissement intellectuel. Par ailleurs, la désinformation agit comme un grand écran de fumée : 78% des Français disent en voir sur les réseaux et 76% ont du mal à différencier les faits des opinions individuelles.

💡La bonne idée : Vider son sac, lancer une bouteille à la mer, tenter de résonner … la chercheuse en Sciences humaines Lou Stührenberg et la rédaction de Chaleur humaine proposent à toute personne qui le souhaite d’écrire une lettre (5000 signes max) à un.e proche que l’on apprécie et avec lequel nous avons déjà eu une discussion difficile sur le climat, la viande, la voiture, l’avion, les pesticides. Pour éviter les frustrations, les non-dits, et remettre – pourquoi pas – un peu de sens et de poésie. Certains courriers seront lus dans les futurs épisodes.

🔎Le chiffre : 9,5 fois plus, c’est l’écart entre les dépenses mobilisées par les entreprises (intérêts lucratifs) et celles des ONG (intérêts non lucratifs) en matière de lobbying. Les premières employant également 5,5 fois plus de lobbyistes. Des chiffres exhumés du répertoire de la @Haute autorité à la transparence de la vie publique au prix de minutieux recoupements, certaines structures s’étant glissées « par inadvertance » dans la mauvaise catégorie. Pourtant, il y va de la force de frappe avec laquelle l’influence s’exerce. Et cette asymétrie de moyens doit être connue de toutes et tous.

CE QUE JE VOUDRAIS VOIR PLUS SOUVENT
Lors du festival « La mécanique de l’info » (cf. ma dernière newsletter), en découvrant le travail de la photoreporter Paloma Laudet, j’ai appris ce que voulais dire le mot « Ejo » en kinyarwanda. Un même mot pour parler d’hier et de demain. Du temps fané qui signe le génocide des Tutsis, et du temps présent qui compose avec la réconciliation, ou en tout cas la cohabitation des nouvelles générations, héritières des bourreaux et des victimes.


AVANT DE PARTIR
402 photographes de 69 pays ont répondu à l’appel du CCFD Terre Solidaire pour documenter « Le monde en face ». Ce prix photo international a distingué 5 photographes qui ont travaillé en Palestine, en Amazonie, la Colombie, le Panama, etc. Une exposition à voir du 3 au 26 octobre au Point Ephémère à Paris.

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