18 juillet 2024

Pause. Le palpitant encore haut, l’agenda hachuré dans tous les sens, les images qui carambolent. Après l’effervescence des derniers mois, je m’attarde un peu sur quelques moments précieux du semestre qui s’achève. Pour les apprentissages qu’ils m’ont permis et les rencontres qu’ils m’ont offertes.

1/ L’émotion suscitée par le récit du Tumursukh Jal, responsable de la préservation de la Taïga rouge en Mongolie, devant un parterre de scolaires.
Je retiens aussi l’hommage de ce grand homme aux joues brugnon à sa femme, que sa quête éloigne de lui plusieurs mois par an.

2/ L’expérience incroyable de la COP 28 à Dubaï, aux côtés de 5 journalistes venus du Cap vert, de Guinée Conakry, de Côte d’Ivoire et du Sénégal.
Observer la surprise et la nouveauté qu’iels ne voulaient laisser paraître, déplorer notre éparpillement inévitable au beau milieu de cette grand-messe climatique, se creuser la tête pour trouver des contenus éditoriaux précis scientifiquement et accessibles à tous, qui intéressent au niveau régional tout en faisant comprendre les enjeux globaux et qui se déclinent en langues locales. Bref, qu’est-ce que c’était galvanisant de travailler tous les 6 !

3/ Les éveils, les conversations puissantes et parfois les résistances au sein de différentes rédactions en formation sur les enjeux environnementaux et climatiques.
J’ai vu dans certains regards la lueur de celui qui a compris, j’ai entendu celle qui veut faire son travail journalistique autrement et qui n’en a pas toujours les moyens. Il m’est arrivé, aussi, de me sentir découragée ou toisée. Mais toujours les échanges m’ont nourrie, m’ont obligée à reformuler, à comprendre les problématiques de territoire, à faire preuve de créativité éditoriale.
Samsa.fr

4/ L’engagement, qui a pris une nouvelle forme : celle de la lutte contre la désinformation. Cet écran de fumée qui nuit à notre compréhension du monde, à notre cohésion sociale, à nos démocraties. Alors entre journalistes français et ouest africains, on a réfléchi ensemble aux origines et aux contours des discours trompeurs, puis aux façons de les contrer. Et tout ce que je peux vous dire, c’est que des sujets puissants sont sur le point de sortir.
CFI, agence française de développement médias AFP Factuel Moussa Ngom
Anderson Diédri
et biensûr Marthe, Marina, Boeboe, Idiatou, Ghislain, Khadyja, Fretson, etc

5/ Les retrouvailles, sur un coin de table dans un rue sans électricité et face à un attiéké poisson braisé, avec mon ami journaliste Noel Konan. Découvrir son nouveau média indépendant d’investigation L’étau. Et me dire qu’on gagnerait tous à avoir des journalistes de cette trempe.

6/ La rencontre inattendue avec ce petit homme à la tunique verte, chef des agriculteurs de Teourou Boulal, dans la province de Fatick (Sénégal). Alors que je visitais sa coopérative, il a voulu me témoigner son érudition en me récitant dans un temps record les 195 pays du monde. Lui, ce petit homme au large sourire et aux yeux pétillants qui n’est jamais allé à l’école.

7/ La claque, celle reçue (au figuré, évidemment) de jeunes que j’ai eu la chance d’accompagner dans le cadre d’une résidence journalistique lyonnaise. En les amenant à penser leur rapport à l’information, leur relation aux médias, leur compréhension d’enjeux contemporains, c’est finalement de confiance en soi et de changement de regard sur les quartiers prioritaires de la ville dont il a surtout été question. Ces jeunes – Hamza, Fatima, Hamal, Rana, Nassim, Valeria, Djamel , Ifrax, Aboubacar, et tant d’autres – pour qui tout est à construire.
Maison de l’Environnement de la Métropole de Lyon Florence Gault

8/ Le lien particulier, enfin, tissé avec quelques-uns d’entre eux.
Nany Vaz CVWestAfrica
, journaliste cap verdienne, que j’ai vu batailler pour imposer ses sujets dans un environnement parfois misogyne et se former par tous les moyens pour mieux comprendre les implications du dérèglement climatique dans son archipel (et que j’ai découverte chanteuse à ses heures perdues).
Ismael Kwaky Angoh
, journaliste ivoirien (nouvellement récompensé en finances et en économie) et Ibrahima Sory Bah, journaliste guinéen, que j’ai vu progresser en fact checking au fil des mois, malgré les coupures de courant, les reportages sur fonds propres, les risques d’intimidation, etc.

Pour clôturer ce semestre, toute dernière pensée à mes ami.e.s de cordée: Claire Le Privé, Samuel Turpin, Florence Gault, Bénédicte de la Taille. Merci !